Voilà l'émission est terminée...

Vendredi 4 juillet 2014. 20h. Je suis devant mon poste de télévision. Un sentiment d'infinie tristesse s'empare de moi. De grosses larmes coulent sur mes joues. Est-ce parce que la France s'est vue barrer la route des demi-finales de la Coupe du monde de football par l'Allemagne ? Sûrement pas. Je regarde France 2, le sacro-saint 20 heures de Laurent Delahousse. Le journaliste playboy énonce les titres qui vont être développés dans son édition : l'élimination de la France en quarts, l'assassinat d'une institutrice à Albi, les résultats du bac. Normalement, la caméra devrait revenir sur le beau gosse du PAF, mais là, c'est un sujet qui est lancé. Une image, une voix, une présence, celles du journaliste Benoît Duquesne disparu plus tôt dans la journée : une crise cardiaque l'a emporté à l'âge de 56 ans, il avait 4 enfants.

Me revient alors à l'esprit son dernier Complément d'enquête, émission qu'il animait depuis 13 ans : un portrait léché de BHL, des questions incisives, un journaliste qui a dû préparer son interview durant des heures. Voilà comment était Benoît Duquesne, rigoureux et professionnel. Je n'ai jamais eu la chance de le côtoyer mais c'est ainsi que je me l'imaginais. Je me souviens aussi bien sûr de sa cavalcade à moto le 7 mai 1995, lorsqu'il poursuivait Jacques Chirac, fraîchement élu Président de la République.

Je n'ai jamais eu d'idoles ni de maîtres à penser, mais Benoît Duquesne faisait partie de ces références que j'ai dans le métier, comme Bernard Poirette, Maryse Burgot, Thierry Demaizière ou Florence Aubenas.

Voilà ce que BHL a dit à son sujet, expliquant pourquoi il avait donné son feu vert pour l'interview: "D'accord, je vous fais confiance; c'est bizarre, je ne vous connais pas, mais je vous fais,  soudain, confiance; vous serez peut-être critique,  hostile, désagréable, pire encore; mais je sais que vous serez honnête, jamais bas, ou insultant, ou absurdement polémique, juste honnête et, au fond, cela me suffit." Merci monsieur Benoît Duquesne.