Stendhal, Matisse, Bowie et les autres

J'ai récemment quitté mes volcans pour un week-end prolongé à Paris avec mon amoureux.
En bons provinciaux qui montent à la capitale, nous n'avons pas dérogé à la règle: nous nous "sommes fait des expos".
Nous avons commencé par la Fondation Louis Vuitton et son exposition temporaire "Les Clefs d'une passion". A la sortie du métro, nous nous sommes dirigés vers le Jardin d'acclimatation, au Bois de Boulogne, lieu où tous les parents de la capitale et leur progéniture semblaient s'être donnés rendez-vous cet après-midi-là.
Au milieu des manèges du parc, LE choc : une spectaculaire architecture de verre, de bois et d'acier paraît sortir de terre. C'est à Frank Gehry, qui a déjà construit le Guggenheim de Bilbao, que l'on doit ce chef-d'oeuvre. Mais ce premier choc visuel était annonciateur de bien d'autres émotions, une fois à l'intérieur du bâtiment. L'exposition Les Clefs d'une passion, jusqu'au 6 juillet, présente la 3e phase de l'inauguration de la Fondation Vuitton,  quand entrent en scène les oeuvres majeures, et fondatrices en grande part, de la modernité de l'art. Des oeuvres de Bacon, Bonnard, Brancusi, Dix, Giacometti, Kandisky, Léger, Malévitch, Mondrian, Monet, Nolde, Picabia, Picasso, Rothko, Schjerfbeck et Severini s'offrent à notre regard en quatre temps. Devant elles, je vacille, je m'émerveille,  je m'étonne : mes livres d'histoire semble s'animer sous mes yeux. Comment ne pas être émue devant L'homme qui marche d'Alberto Giacometti? Comment ne pas vibrer devant Le Cri d'Edvard Munch, malgré tous les visiteurs qui s'agglutinent devant le tableau et qui le guettent tels des Japonais devant la Joconde? L'émotion m'envahit encore plus lorsque je m'approche de La Danse d'Henri Matisse. Les couleurs, le mouvement qui se dégagent de ce panneau monumental me donnent le frisson. Ca y est, il est trop tard, je suis victime du syndrome de Stendhal. Ce syndrome, aussi appelé syndrome de Florence se manifeste chez des personnes qui,

exposées à une abondance d'oeuvres d'art, se retrouvent face à leur conception artistique et à la grandeur physique et morale des oeuvres. Il a été décrit par Stendhal en 1817,  en sortant de la Basilique Santa Croce à Florence.

« J'étais dans une sorte d'extase, par l'idée d'être à Florence, et le voisinage des grands hommes dont je venais de voir les tombeaux. Absorbé dans la contemplation de la beauté sublime, je la voyais de près, je la touchais pour ainsi dire. J'étais arrivé à ce point d'émotion où se rencontrent les sensations célestes données par les Beaux Arts et les sentiments passionnés. En sortant de Santa Croce, j'avais un battement de cœur, la vie était épuisée chez moi, je marchais avec la crainte de tomber. »

Je vous rassure, je n'ai pas été prise de vertiges et d'hallucinations : tout est redevenu normal une fois sortie de la Fondation Vuitton! Mais dès le lendemain, à la Philharmonie de Paris, j'ai de nouveau été saisie par la beauté de l'art, en visitant l'exposition David Bowie is. La scénographie est très bien pensée puisque l'on vous remet un audioguide qui détecte où l'on se trouve et qui diffuse des extraits d'émissions de télé,  des clips ou des discours dès que l'on s'approche d'un écran ou d'une photographie. Sensations garanties. L'exposition est organisée de façon chronologique, revenant sur les débuts de l'artiste, sur ses plus grands succès et sur ses différentes périodes artistiques. On retrouve ses costumes,  des partitions originales mais aussi des oeuvres d'artistes l'ayant inspiré.
J'ai de nouveau été frappée du syndrome de Stendhal dans la partie consacrée à Space oddity. La musique, les vidéos, les photos de la planète bleue m'ont transportée. J'en avais la chair de poule. De nombreuses citations accompagnent le visiteur, mais je n'en ai retenu qu'une seule : David Bowie est quelqu'un d'autre; David Bowie s'habille comme il veut.
L'exposition est en place jusqu'au 31 mai. Courrez-y!

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