Un conte de Noël


Mon père ce héros. C’est le nom d’un film mais c’est une expression qui s’applique à mon paternel. En effet, peu de temps avant de s’installer à Digoin, Mario a été décoré par le maire de Villerest pour son courage. Il en a reçu une médaille. Quelques semaines avant la cérémonie, il a sauvé une femme. Celle-ci avait voulu en finir, avait pris des médicaments, près de la maison familiale. Mon père avait vu cette voiture immobilisée, sa conductrice qui ne bougeait plus. Il avait immédiatement compris. Il a appelé les pompiers et une fois arrivés, ils ont brisé ensemble la vitre du véhicule, portant secours à la malheureuse qui était inconsciente. Les secours ont réussi à la réanimer. Elle a eu la vie sauve. Grâce à mon père. Mais Mario n’en était pas à son coup d’essai. Bien des années plus tôt, il a déjà joué les super héros. 


Nous sommes le 24 décembre 1989 ou 1990. Mario décide de chercher un cadeau de dernière minute pour sa femme, Isabelle.  Nous voilà partis en ville avec ma grand-mère Thérèse et moi-même. Nous marchons dans les rues de Roanne. Nous sommes sur le point de partir, nous nous trouvons sur la place de l’hôtel de ville, lorsque nous entendons une femme crier : « Au voleur ! ». Elle s’approche, nous dit qu’on lui a dérobé son sac à main. Un homme part en courant. Mon père réagit au quart de tour. Il se lance à sa poursuite. Il réussi à le rattraper. Mon père est un sportif aguerri. Il est à sa hauteur. Le voleur et mon père se battent alors. Ils se retrouvent devant une boutique. La Hutte Intersport. A l’époque, le commerce était juste à côté du théâtre. Mon père et le voleur se rendent coups pour coups. L’agresseur prend alors une bouteille en verre, qu’il casse et menace mon père avec un tesson de bouteille. Mario a alors l’idée de rentrer chez Intersport. Il prend un ski en vitrine. Il ressort et défie à nouveau en duel le voleur. La scène est surréaliste. Des badauds sont attroupés autour d’eux. Ils encouragent mon père. Ce dernier essaie de frapper le larron avec son ski. Le voleur réplique avec sa bouteille. Il atteint mon père au thorax. Mais Mario ne se laisse pas faire. Je suis très choquée. Du haut de mes neufs ou dix ans, je ne veux pas voir ce spectacle, assister à cette violence. Un jour de Noël. Je refuse de voir mon père abdiquer. Ma grand-mère me rassure. Ce combat de rue est interminable. Les policiers arrivent enfin. Ils arrêtent le voleur. Ils remercient mon père. Mario est blessé. Il devra se faire soigner. Il devra aussi faire une déposition au commissariat. 

Je suis soulagée que ce spectacle hallucinant soit terminé. Je sens que je vais flancher. Je ne sais pas encore que je suis sujette aux malaises vagaux en cas de forte émotion. J’ai la nausée. Mon père rend son ski ensanglanté au directeur du magasin. Je dis à mamie Thérèse que je vais vomir. Elle demande où sont les toilettes. Je n’aurai pas le temps d’arriver au fond du magasin. Je vomis juste devant les toilettes. Je m’évanouis. Je me réveille entourée par mon père, ma grand-mère et le propriétaire du magasin de sport. J’ai honte. Mais je suis fière. Mon père est un héros. Pour toujours. 

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