"Le calice jusqu'à la lie"



C’est mon expression du moment. « Boire le calice jusqu’à la lie ». Je l’utilise à tout bout de champ, tellement elle colle à mon état d’esprit du moment. Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, cela signifie que je vais en ch*er jusqu’au bout. En effet, le calice désigne la coupe dans laquelle est consacré le vin de l’eucharistie lors de la messe. Quant à elle, la lie est le dépôt qui se forme dans des liquides fermentés comme la bière et le vin. « Boire le calice jusqu’à la lie » c’est donc boire le dépôt de vin et l’expression évoque mon humeur du moment. 


Pour ceux qui ne le savent pas, j’effectue depuis janvier une mission de six mois de rédactrice en chef adjointe au numérique à France 3 Auvergne. La tâche est passionnante mais rude. Trouver les sujets des journalistes, gérer l’équipe web, relire et valider les papiers, enchaîner les réunions, faire le planning… voici en gros à quoi ressemble mon quotidien depuis janvier. Avec tout cela, pas le temps d’écrire ou de faire des interviews. Le tout, dans un état de stress permanent, week-ends et soirées compris. Dès le début, j’ai senti que le costume était trop grand pour moi. C’est un poste où il faut anticiper en permanence, prendre des décisions. Or cela colle mal avec mon caractère. Je suis plutôt dans l’exécution des tâches. Dès le mois de mars, j’ai senti que le job n’était pas fait pour moi. J’en ai parlé à mes rédacteurs en chef. Bizarrement, me confier à eux a permis de me sentir mieux, comme libérée d’un poids qui me pèse depuis le début d’année. J’essaie de prendre du recul, de moins stresser mais je sens bien que la pression est là. 


Mais ce qui me chagrine le plus, c’est que je n’ai plus le temps d’écrire des articles. Ce qui me fait vibrer c’est l’interview, l’écriture. Depuis janvier, j’ai écrit moins de 10 articles. Pour moi c’est l’essence-même de mon métier qui s’éloigne. À cela s’ajoute un contexte particulier. Je n’aurais pas été ménagée : j’ai commencé avec le mouvement des agriculteurs et je termine par les élections et une crise politique comme la Ve République en a rarement vue. Rassurez-vous, je ne vais pas au travail avec la boule au ventre. J’ai toujours un grand plaisir à venir au bureau. Mais je sens bien que quelque chose m’échappe. Je vis ces derniers instants comme adjointe comme une belle expérience, qui m’a permis de prendre conscience de mes limites. 


Depuis, tel un prisonnier d’Alcatraz, je compte les jours qui me séparent du 30 juin, date de la fin de ma mission. Je n’avais pas prévu de finir par une soirée électorale. Personne ne l’avait vue venir ;). Je terminerai ma tâche en beauté j’espère. J’animerai un live de 16h45 à 00h30. Un exercice stimulant, que je pratiquerai avec enthousiasme. J’ai hâte d’être le 1er juillet, après une soirée électorale passionnante, au sein d’une équipe formidable. Une page se tournera alors. Je retrouverai alors ma plume et la sérénité. 


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