Un sacré truc en plus




Hier nous sommes allés en famille au cinéma pour voir « Un p’tit truc en plus ». Le film phénomène d’Artus s’est imposé comme le plus grand succès de l’année. Cette comédie avec ses acteurs en situation de handicap a déjà franchi la barre des 7 millions d’entrées. Le scénario est léger : afin d’échapper à la police, deux braqueurs, joués par Artus et Clovis Cornillac, se planquent dans une colonie de vacances pour handicapés. Plus attachants les uns que les autres, ils sont les vrais héros du film. Les vannes s’enchaînent et on rit avec eux, jamais à leurs dépens. C’est là toute la force du film. Les personnages sont tous plus attachants les uns que les autres. Les situations, les gros mots, les dialogues : tout nous fait rire. Une vraie réussite. 


Ce film m’a renvoyée 24 ans en arrière. en effet, alors que j’étais étudiante, j’ai animé un camp pour handicapés à Beaurepaire en Isère. C’était à l’été 2001. Tout près du site du Palais idéal du Facteur Cheval. Mon amie Nadège Troncy, connue au lycée, m’avait proposé de l’accompagner pour encadrer un camp de foot destiné à des adultes en situation de handicap. Je n’avais jamais fait cela de ma vie. J’ai alors découvert un monde que je ne connaissais pas et des personnes extraordinaire, comme Roland ou Martine. Si j’ai oublié le prénom de certains, je n’ai pas oublié leur générosité et leur sensibilité. Durant la journée, nous jouions au foot, allions en excursion, par exemple assister à l’entraînement de l’Olympique lyonnais. Les animateurs dont je faisais partie encadrions les repas, distribuions les médicaments, gérions la toilette, faisions le ménage. Le tout dans la bonne humeur. Je crois que j’ai rarement autant ri. Nous étions 4 animateurs, sous la coupe de Blaise, le sympathique directeur. 


Le point d’orgue de ce camp estival était un déplacement au stade Geoffroy-Guichard pour assister au match des Verts contre l’OL. Les résidents avaient mis leurs maillots de l’OL pour assister au derby. Ce qui n’était pas forcément une bonne idée, vu où nous étions placés, non loin des supporters stéphanois. Nous avons dû regagner notre bus sous escorte policière. Dans le bus, pour le retour au centre, nous avons beaucoup chanté et beaucoup ri. Une vraie communion entre nous, valides et handicapés. 


Quand est venu le temps des adieux, trois semaines après le début du camp, j’ai pleuré à chaudes larmes. Leur personnalité attachante, leur sensibilité, leur humour, ont changé mon regard sur le handicap. Pendant quelques temps, certains m’ont écrit. Je garde un excellent souvenir de cet été 2001, notamment parce que mon amitié avec Nadège n’a jamais été mise à l’épreuve, malgré les difficultés. Quelque 23 ans plus tard, le film d’Artus m’a permis de replonger dans ces magnifiques souvenirs. Nadège est aujourd’hui éducatrice spécialisée, moi journaliste. Une partie de moi a changé cet été-là. J’ai vraiment pris conscience que ces personnes avaient un p’tit truc en plus. 


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