Les pansements indiens


Est-ce qu’on est fidèles à ses rêves d’enfant ? Je me pose souvent la question. Alors que je devais avoir 5 ou 6 ans, je rêvais d’aller en Afrique en bus « pour ramener des petits noirs ». Pardonnez cette vision colonialiste : je signifiais ainsi que je voulais faire de l’humanitaire et sauver des enfants africains de la guerre ou de la famine. Mon rêve ne s’est pas exaucé. Je ne suis jamais allée en Afrique, encore moins pour réaliser une bonne action. 

Déjà toute petite, j’avais conscience de la fragilité du monde qui m’entourait et de la nécessité de venir en aide aux plus démunis. C’est ainsi qu’en primaire, j’ai participé à une opération de solidarité avec l’Inde. Le but était de vendre un maximum de pansements, afin de récolter de l’argent pour des enfants indiens. Je crois que j’ai rarement mis autant de cœur à l’ouvrage. Je me suis investie comme jamais, vendant des pansements à tout notre entourage. J’ai réussi à en refourguer à ma famille, aux amis, aux salariés de mes parents. Vendre le plus de pansements possible était devenue une obsession. Finalement, je voulais tellement faire bien, que j’ai demandé à mes parents de racheter une grosse partie de mon stock. Ce qu’ils ont accepté. 


On s’est alors retrouvés à la maison avec un nombre inimaginable de pansements. On était parés pour toute coupure, égratignure ou autre blessure. On a mis des années pour écouler le stock. Je n’ose demander à mes parents quand ils ont mis la main sur le dernier lot de pansements. Je n’avais pas fait d’école de commerce, mais j’avais déjà une sacrée force de vente. Je ne sais pas combien ces pansements ont rapporté mais j’étais fière d’avoir fait ma part. D’avoir agi à mon échelle. L’impression de ne pas avoir appliqué un pansement sur une jambe de bois. 

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