Matin brun
Ce matin, je me réveille en espérant que demain, je n’aurai pas de mauvaise surprise en allumant la radio. Je prends mon café, je mets un peu de musique. Un réveil tout en douceur comme je les aime. Pourtant, des années durant, un tout autre réveil a marqué mon enfance. En effet, mon père, qui ne se levait jamais tard, après avoir dormi quelques heures, avait choisi une drôle de façon pour nous sortir du lit.
Il travaillait la nuit dans sa discothèque, le Privé, rentrait se coucher au petit matin, après avoir déjeuné, dormait un peu et vers 10 heures, il avait décrété qu’il fallait qu’il ne soit pas le seul à être debout. Il allait alors dans le salon, allumait la chaîne hi-fi, prenait un CD. Il choisissait de préférence un album des Rolling Stones. Mario appuyait sur lecture. La célèbre intro de « Paint it black » résonnait alors dans toute la maison.
Dans mon lit, à l’étage, je pestais contre ce réveil matinal des plus brutaux. Mais très vite, la beauté du morceau me rattrapait et je me précipitais en bas pour dire bonjour à mon père. Il était là, tout sourire, à taper dans les mains en rythme sur la batterie des Rolling stones. Le plus beau des réveils. Pour changer, certains dimanches, il choisissait « Lady D’Arbanville » de Cat Stevens, « The Beat Goes On » de Sonny and Cher ou encore un bon vieux Beatles. C’était la toute mon éducation musicale. Encore aujourd’hui, je le remercie de m’avoir réveillée au son de ses titres magnifiques. Il m’a initiée à la musique des années 60, à Johnny Hallyday, aux Moody Blues, aux Irrésistibles, aux Animals, à Barry Ryan, à Simon & Garfunkel et j’en passe.
Cet amour de la musique, j’essaie de le passer à mon tour à mon fils. Avec son père, nous lui partageons nos coups de cœur. Sigur Ros, Mono, Olafur Arnalds, Max Richter, Ludovico Einaudi pour lui, tandis que je suis davantage portée sur la chanson française. C’est ainsi que Michel Polnareff, Étienne Daho, Michel Berger, Françoise Hardy, Véronique Sanson, ou William Scheller m’accompagnent les dimanches matins. Quelque fois, je choisis « Paint it, black » dans Spotify. Le temps de ce titre, 3 min 21, j’ai 11 ans et je suis dans le salon de la maison de Villerest à chanter avec mon père.
« I wanna see it painted black, painted black
Black as night, black as coal
I wanna see the sun, blotted out from the sky
I wanna see it painted, painted, painted, painted black ».
« I wanna see it painted black, painted black
Black as night, black as coal
I wanna see the sun, blotted out from the sky
I wanna see it painted, painted, painted, painted black ».
Pourvu que demain ne soit pas un matin brun.
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