Anatomie d’une passion


Hier je suis allée voir au cinéma « Anatomie d’une chute » de Justine Triet. Ce film lui a valu la Palme d’or cette année à Cannes. Un choc. Son quatrième long-métrage examine les affres d’un couple d’écrivains, dont l’un des deux trouve la mort. Suicide, meurtre ? On ne saura jamais, mais le chemin qui mène à ce mystère est passionnant. L’écriture est incroyable. Les acteurs très justes. La grande force de la réalisatrice est d’avoir créer une atmosphère vénéneuse, véritable chape de plomb au-dessus des protagonistes. Devant les jurés de la cour d’assises, l’accusée, Sandra (Sandra Hüller), révèle les méandres de son intimité avec son compagnon, Samuel, avant qu’il meure – Samuel Theis, qui reste hors champ, sauf dans quelques scènes cruciales. La séquence d’ouverture est incroyable. Même la musique et les mouvements de caméra m’ont surprise. Daniel (Milo Machado Graner), le fils du couple, âgé d’une douzaine d’années, est exceptionnel. L’enfant est malvoyant, et ses yeux bleu glacé lui donnent un air de médium. Son témoignage sera capital. Autre prouesse technique : le montage qui est vertigineux. La désynchronisation image-son apporte un trouble supplémentaire. Vous avez compris que ce film m’a bouleversée. Pendant 2h30, dans mon fauteuil rouge, j’ai pris une  claque, une leçon de cinéma. 


Au même moment, mon mari et mon fils étaient dans une salle à côté, pour regarder « Les As de la jungle 2 ». Deux salles, deux ambiances. Dans la salle obscure, chacun a pu trouver son bonheur. C’est bien cela la force du cinéma. Avant qu’Eliott ne naisse, avec Yoan et une bande d’amis, nous allions tous les dimanches au cinéma. Un rituel bien rodé. Film en début de soirée puis débriefing immédiat au MacDo du coin. On en a vu des films bien déprimants qui plombaient notre dimanche soir ! Je me souviens en particulier de « Prisoners » de Denis Villeneuve, sorti en 2013. Après ce film, je ne pouvais plus regarder un camping-car sans frissonner. Je me rappelle aussi avoir vu « Pater » d’Alain Cavalier. Une œuvre sortie en 2011 pour laquelle je suis totalement passée à côté.  C’était ça le dimanche soir. Des retrouvailles hebdomadaires avec Elvira, Romain et Yann. Bien souvent, nous ressortions sonnés par le visionnage du film et la discussion qui en suivait nous mettait du baume au cœur. Yoan avait créé le label «  Patrick Sébastien » pour qualifier les films bien dépressifs que nous voyions chaque dimanche. 


Aujourd’hui ce rituel a disparu. Nos vies ont changé. Désormais la plupart des films que je vais voir sont des films d’animation. Pour mon plus grand bonheur, et celui d’Eliott. Quelquefois, nous allons au ciné avec Yoan en amoureux, comme pour le dernier Mission impossible. Mais le plus souvent, c’est à trois que nous y allons. Eliott peut maintenant voir des films plus grand public. Il a adoré le dernier Indiana Jones. En VOD, à la télé ou dans une salle obscure, le cinéma m’est essentiel. Tout comme la littérature. Mon grand bonheur est d’initier mon fils à de grands classiques du 7e art. Vive le cinéma !

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