Pas de télé le matin


Mes parents ont des principes. On ne regarde pas la télé le matin. On écoute plutôt RTL dès potron-minet. Les étés de mon enfance, je les ai passés à écouter le matin les infos de Jean-Jacques Bourdin mais surtout l’émission Trois mots pour une chanson. Bien avant N’oubliez pas les paroles et l’ère des paroles de chansons sur Internet, le candidat devait deviner 3 mots parmi une liste de propositions, 3 mots qui appartenaient à un morceau, en un temps limité. J’adorais ce jeu. Présenté par Fabrice, cette émission a bercé mon enfance. Je prenais plaisir à retirer les mots intrus pour retenir les 3 mots de la chanson. Je vibrais en même temps que le candidat. A chaque mot trouvé, une petite clochette retentissait. Il était interdit d’allumer le poste de télé le matin. A une exception.  Les JO. Je me souviens avoir équeuté des haricots (promis j’arrête de vous saouler avec ça) chez mes parents, hypnotisée par les Jeux Olympiques à la télé. Barcelone 92 a été une révélation. Je me revois fascinée par la Dream team américaine : je découvrais Michael Jordan, Magic Johnson. Une passion pour le basket est sans doute née là : elle sera cultivée par la suite en allant suivre tout les matchs de l’équipe de la Chorale de Roanne à domicile. Atlanta 96 a sans doute été l’olympiade que j’ai suivie le plus assidûment. 

Malgré le décalage horaire, j’étais scotchée à mon téléviseur. Mes héros de ces Jeux furent, entre autres, les athlètes Michael Johnson, Carl Lewis et Marie-José Pérec, le nageur Alexander Popov. Voir la Gazelle courir son 400 m est un souvenir inoubliable. Je suivais ses exploits sur Canal plus. Les commentaires étaient extras. A l’époque, la chaîne cryptée consacre vingt-deux heures d'antenne par jour aux Jeux d'Atlanta. Mythique. Une brochette de consultants de luxe est aux manettes. C’est là que j’ai pu apprécier tout le talent d’un certain Thierry Gilardi. Les JO étaient donc la seule exception à la fameuse règle « pas de télé le matin ». Pourtant, dès que mes parents avaient le dos tourné, je me précipitais dans le salon pour regarder le club Dorothée, guetter mon nom dans le générique avec les anniversaires des copains. J’ai été biberonnée aux dessins animés japonais. Mais pas seulement. J’adorais aussi regarder Les craquantes en VO sur FR3. Les aventures de ces mamies excentriques m’ont profondément marquée. J’aimais aussi regarder les enquêtes de Remington Steele avec Pierce Brosnan dans le rôle de l’enquêteur cinéphile. Un régal. Le soir, j’attendais fébrilement mon épisode de saga de l’été. Les Coeurs brûlés, tournés à Porquerolles est mon feuilleton préféré. Je connais encore par cœur le générique interprété par Nicole Croisille, sur une musique de Vladimir Costa. La scène de l’accident de Mireille Darc me hante encore. J’avais douze ans. Quand nous allions en vacances au Lavandou avec mes parents, je cherchais la Réserve, l’hôtel restaurant de la série. Aujourd’hui, plus de sagas de l’été. Mais un principe est resté immuable et pas question d’y déroger : je ne regarde jamais la télé le matin.


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