Candy


Hier c’était dimanche. J’ai toujours eu un sentiment partagé au sujet de ce jour de la semaine. J’ai souvent une petite appréhension avant la nouvelle semaine qui commence. Pourtant c’était une journée au programme alléchant. Quand j’étais enfant, elle démarrait par le petit mot réconfortant laissé par ma mère sur la table de la cuisine. Isabelle venait de passer la nuit à tenir l’entrée du Privé, la discothèque familiale. Quand ma sœur habitait encore à la maison, avant qu’elle ne parte faire ses études, c’est elle qui s’occupait de moi. Nathalie avait 9 ans de plus que moi. Elle me gérait tout naturellement et prenait son rôle d’aînée très à cœur. Nous prenions notre petit déjeuner puis elle m’autorisait à regarder quelques dessins animés, dérogeant ainsi à la règle du « pas de télé le matin ». Je visionnais le Club Dorothée, sur TF1. « Pas de pitié pour les croissants », « Goldorak » et d’autres mangas japonais faisaient mon bonheur. Point d’orgue de ce rituel dominical, l’épisode de « Candy ». 

L’histoire de cette petite orpheline me fascinait. Mais il fallait que je sois hyper attentive pendant le visionnage. En effet, ma chère sœur prévoyait chaque dimanche une dictée qui portait sur l’épisode du jour. Nathalie prenait un mal plaisir à me faire bûcher tous les dimanches matins. Elle choisissait des mots parfois compliqués afin que je les intègre. C’est ainsi que, très tôt, j’ai su qu’on n’écrivait pas orpheline avec un F mais avec un PH. J’étais à la bonne école. 

Je noircissais mon cahier de mots difficiles, de verbes à conjuguer. Nathalie était une institutrice du dimanche intransigeante. A la fin de la dictée, le verdict tombait : elle comptait les fautes. Une appréciation accompagnait sa sentence. C’était très formateur. Je crois que c’est de là que me vient mon goût pour l’orthographe et la syntaxe. C’est sans doute grâce à cette passion née enfant que j’ai pu décrocher le concours de l’école de journalisme. La bonne note obtenue m’a permis de faire gonfler ma moyenne. Bien plus tard, mes amis me gratifieraient du sobriquet de « Directrice départementale de l’orthographe ». Je commets encore des fautes bien sûr, y compris sur ces petits textes matinaux, mais j’ai les yeux qui saignent dès que  je vois un mauvais accord ou une conjugaison erronée. Tout ça grâce à une dictée matinale sur les épisodes de « Candy ». 


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