Le sirop


Je suis une inconditionnelle du sirop de menthe à l’eau. Laurent Voulzy a le cœur grenadine, Eddy Mitchell évoque les yeux couleur menthe à l’eau. Quant à moi, je fonds pour un Vittel menthe ou un diabolo menthe, surtout quand il fait très chaud. Mon fils préfère le sirop de grenadine. Lors de nos vacances en Italie, nous avons pu constater que c’est une boisson typiquement française. Les barmen italiens ne connaissent pas ce breuvage. Quand ils ont un sirop dans leur réserve, ils ne savent pas le doser. C’est ainsi qu’à Milan, un barman m’a rempli la moitié de mon verre de sirop à la menthe. J’avais beau rajouter de l’eau, rien n’y faisait, la boisson était terriblement sucrée. 

Ce n’était pas ma première mésaventure avec un sirop de menthe à l’étranger. Je devais avoir cinq ou six ans lorsque mes parents, ma sœur et moi sommes allés au Portugal un été. Un voyage traditionnel car nous nous rendions sur la terre de nos ancêtres régulièrement. Au Soito, le village natal de mon père, nous allons dans un bar. Ma mère a bien du mal à me commander une menthe à l’eau. Elle ne sait pas comment cela s’appelle en Lusitanie. Elle essaie « uma menta » mais le serveur ne comprend pas.  Elle a alors l’idée de demander « quelque chose de vert, auquel on ajoute de l’eau ». Le serveur semble avoir compris. La commande est passée. Quelques instants plus tard, le serveur revient avec nos boissons.  Me voici avec un liquide vert, comme ma mère l’avait demandé. Je commence à aspirer la boisson à l’aide d’une paille. Je suis surprise : cela ne ressemble pas à sirop de menthe. Je continue à avaler et je comprends que cette boisson n’a rien à voir avec ce que j’attendais. Je lance alors : « Maman c’est pas bon ». Ma mère me fusille du regard, habituée à mes caprices d’enfant. J’insiste : « Maman c’est pas bon ». Elle rétorque : « Tu arrêtes avec tes caprices. Maintenant tu bois ton verre ! ». Je regoûte ma boisson. Rien n’y fait. Ça ne passe pas. 

Une troisième fois, je répète : « Maman c’est pas bon ». Excédée ma mère prend mon verre, goûte son contenu et horrifiée, découvre qu’il y a de l’alcool dans ma boisson. Elle interpelle le serveur, lui demande ce qu’il a préparé. Il répond du tac au tac : « Get 27 ». C’était bien quelque chose de vert avec de l’eau. Je n’ai plus jamais recommandé de sirop de menthe au Portugal. C’était là ma première expérience avec l’alcool, à cinq ou six ans seulement. Ce ne sera bien évidemment pas ma dernière. 



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