L’atelier de la danse
C’est une photo qui doit dater de juin 1992. Elle a été prise lors de mon gala de danse, au théâtre de Roanne. Je prenais alors des cours à l’Atelier de la danse, en haut du faubourg Clermont à Roanne. Ma prof de danse se nommait Pascale Bertrand. Elle m’enseignait le classique et le moderne jazz. J’avais débuté la danse chez Nelly Pierson, de la compagnie Agora. C’est là que j’avais fait ma connaissance de Mélanie, Myriam ou encore Emmanuelle. Lorsque mes parents ont emménagé à Villerest, j’ai quitté ce cours du centre-ville de Roanne pour aller chez Pascale, à l’âge de 7 ans. J’y suivrai des cours jusqu’à mes 18 ans, avant que mon départ pour Lyon ne sonne la fin de cette époque dorée.
Car les cours de Pascale me passionnaient. Nous commencions par la barre à terre, puis nous enchaînions avec des exercices. Notre professeur était très exigeante mais elle arrivait à ce que nous dépassions nos limites. L’effort était là, les figures imposées étaient exécutées, mais toujours avec le sourire. Je me souviens avoir souffert pour certaines postures, mais je m’exécutais toujours. La bande sonore au piano nous accompagnait pour les cours de classique. Mais pour les cours de jazz, Pascale n’avait pas son pareil pour nous dénicher des pépites musicales. A l’époque pas de Spotify, je ne sais comment Pascal procédait, mais elle parvenait toujours à nous faire danser sur le dernier titre à la mode. Je me souviens m’être amusée sur Mariah Carey, Prince, Tina Turner , Dead Can Dance, Paolo Conte et bien d’autres.
La préparation du spectacle de fin d’année nous occupait dès l’hiver. Pascale imaginait les chorégraphies. Elle concevait avec talent les décors, avec la complicité de son mari Robert. Elle pensait aussi aux costumes, que nos mamans devaient coudre. Le résultat était bien souvent exceptionnel. Nous répétions des heures durant les chorégraphies tout droit sorties de l’imagination de Pascale. Les répétitions s’effectuaient dans une magnifique ambiance. Nos mamans attendaient dans leur voiture que la répétition se termine enfin. Nous travaillions durement mais nous riions à chaque fois. Je me rappelle encore des fous rires avec Christelle, Sandrine T., Aurelie, Céline, Isabelle, Sandrine G., Edith, Laure, Audrey, Marjorie et les autres. Marjorie, que nous surnommions Margaux, était la pièce maîtresse de la chorégraphie. Toujours placée devant, elle exécutait sa partition à la perfection. Je l’appelais « le métronome ». C’était elle mon guide, mon phare, en cas de défaillance. Alors que j’étais en sixième, pour la représentation au théâtre de Roanne, j’ai eu la chance d’être en haut de l’affiche. « Catherine et les sortilèges », tel était le nom de la première partie. J’avais beaucoup répété, pointes aux pieds. Mes pieds ensanglantés traduisaient les efforts concédés. Malheureusement, quelques jours avant le spectacle, en sport au collège, je suis tombée du haut d’une pyramide humaine que nous réalisions, j’ai chuté et je me suis déplacé deux vertèbres. Le spectacle de danse était compromis. Une course-contre-la-montre était lancée. J’ai multiplié les séances de kiné et j’ai réussi à dépasser ma douleur pour assurer le premier rôle qui m’attendais.
Le moment du spectacle que je préférais était le pas de deux, entre Pascale et Gilles. Ce dernier était par ailleurs mon surveillant au collège. Leur duo fonctionnait à merveille. Ils vivaient pour la danse. Autre moment attendu, le final. Tous les élèves de l’Atelier de la danse se retrouvaient sur scène, du plus petit au plus âgé. Une véritable communion opérait. C’était magique. Une année, à cause d’un mauvais placement, j’ai marché pieds nus sur un néon de lumière noire, je me suis ouvert le pied. J’ai continué à danser, malgré la douleur. Audrey avait aussi été coupée. A peine le spectacle fini, les pompiers nous avaient emmené dans leur camion pour aller aux urgences, nous faire recoudre le pied. J’en ris encore. Car ce mélange de rires et de danses résume bien ces 11 années passés là-bas. Ces instants sont gravés dans ma mémoire.
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