Les médicaments

 


J’ai la chance de ne pas souvent être malade. Mais quand je le suis, une peur me gagne. Celle d’avaler les comprimés. C’est une chose anodine pour tout le monde, mais pour moi, elle relève de l’exploit. Je ne sais pas avaler les médicaments oraux. Prendre une gélule en buvant un verre d’eau est l’équivalent d’un Everest à gravir. Depuis toute petite, j’ai beau essayer, je n’y arrive pas. Peur de faire une fausse route, de m’étouffer, qu’importe, le mal-être est bien présent lors de la prise de médicaments… Réel blocage ou blocage psychologique : le mystère demeure entier ! Le plus souvent, j’arrive à trouver un compromis avec le soignant que je consulte pour me faire prescrire des solutions effervescentes ou bien même des solutions sous forme de sachets. Le médecin généraliste qui me suit depuis que je suis installée à Clermont-Ferrand a tout essayé… En vain ! Je suis indéniablement une cause perdue. 


Ma plus grande angoisse est celle des gélules. Pour les comprimés, cela passe encore. Souvent je prends un morceau de pain ou de fromage, je place à l’intérieur le comprimé. Ma mère faisait pareil avec le chien, pour le berner. Je place le tout dans ma bouche, je le mâche péniblement et j’arrive presque à l’avaler tout rond. Ouf ! Mais pour les gélules, lorsque je mâche le subterfuge, bien souvent, le médicament se rompt et j’obtiens un goût affreux dans ma bouche. Je ressens un haut-le-cœur. En effectuant des recherches sur Internet, j’ai découvert que je n’étais pas seule à souffrir de cette pathologie bizarroïde. La phagophobie est un trouble psychologique qui touche donc 4 personnes sur 10. Il s’agit d’une peur de s’étouffer en avalant quelque chose. J’ai appris que cela peut aussi venir d’une source psychologique ou psychiatrique plus profonde encore. Par exemple, ce trouble semble plus fréquent chez les personnes neuroatypiques ou chez les patients souffrants de troubles anxieux. Les personnes pathologiquement anxieuses, dépressives, autistes, haut potentiel intellectuel ou les hypersensibles seraient très touchées. 


Quand je dois prendre un traitement, c’est une épreuve. Ma technique de la boule de pain a ses limites. Mon mari se moque gentiment de moi. Et il a bien raison, tant je suis ridicule. Je prie pour ne pas tomber malade, non pas pour éviter la souffrance, mais pour m’épargner l’épreuve du médicament à avaler. Encore une belle tare à mettre à mon compte. 

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