La force d’inertie


Je déteste être en retard. Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai cette hantise-là. Quand j’ai un rendez-vous professionnel ou personnel, j’ai au moins 15 minutes d’avance. Voire plus. Sait-on jamais, en chemin, une guerre nucléaire ou un imprévu sont possibles. Il vaut mieux anticiper. Cette peur bleue du retard trouve son apogée quand je dois prendre le train. Je crois qu’il y a une explication à cela. Toute mon enfance, mes parents ont été en retard. A la messe le dimanche matin, mais surtout le dimanche soir, lorsque je devais prendre le train pour Lyon, je frôlais l’accident cardiaque à chaque fois, tant j’avais peur de rater mon train. 

Étudiante en hypokhâgne, je passais la plupart de mes week-ends chez mes parents. Je prenais mon train en fin d’après-midi, histoire d’arriver en début de soirée dans la capitale des gaules. Je pouvais ainsi ranger ma valise, dîner et me plonger devant Urgences sur France 2. Le beau Georges Clooney m’attendait tous les dimanches soirs. Mais pour cela, il fallait que mon train soit à l’heure et bien sûr que je ne le rate pas. 


Je stressais toutes les fins d’après-midi dominicales. J’avais beau répéter à ma mère que je voulais partir tôt, que je devais prendre mon billet, elle n’était jamais prête quand je le souhaitais. Elle mettait un temps fou à se préparer. Une habitude qu’elle a encore aujourd’hui. J’ai développé une théorie  à ce sujet : la force d’inertie des Lopes. Cette théorie évoque la capacité qu’ont mes parents à mettre trois plombes pour être prêts à partir. 


Aujourd’hui, quand je dois prendre le train, cette angoisse ressurgit. Mais j’ai trouvé quelqu’un encore plus ponctuel que moi. Mon mari. Lui aussi est un obsessionnel de la montre. Nous nous sommes bien trouvés. Mais pas que pour cela d’ailleurs.

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