La nostalgie des haricots


Chaque fois que j’équeute des haricots verts, je repense à ces étés d’enfance passés chez mes grands-parents. Ces derniers possédaient un immense potager, derrière leur maison, à Digoin, en Saône-et-Loire. Les journées commençaient tôt : mamie Thérèse ne supportait pas de nous voir faire la grasse matinée. Avec ma sœur, nous passions des matinées entières à équeuter ces légumes fraîchement cueillis par papy Daniel. Nous maudissions ces haricots verts en voyant la somme de travail à accomplir. Mais nous étions bien contentes de les déguster le midi-même en salade. 

Notre corvée s’effectuait au rez-de-chaussée de la maison familiale, au frais. Sur une toile cirée, nous accumulions fébrilement des tas et des tas de queues d’haricots verts fins ou larges. Nous devions les trier par taille, mettre les plus gros de côté pour en récolter la graine : ces haricots larges étaient mes préférés, les haricots « portugais ». Ma grand-mère nous lançait des défis pour savoir qui arriverait en premier à finir son tas de légumes. Ensuite, elle les ébouillantait, les faisait sécher sur le sol de la pièce d’à-côté. Je prenais alors un malin plaisir à croquer ces haricots verts tout justes blanchis, quitte à me faire gronder. Mamie Thérèse préparait alors d’ innombrables bocaux de légumes verts que nous allions savourer toute l’année. Les après-midis étaient plus tranquilles. 

Après la sieste, nous jouions aux cartes, nous rions aux blagues de papy. Mon petit péché mignon : aller ramasser des carottes dans le potager, les passer sous l’eau au robinet du jardin et les manger, sans même ôter la peau. Le bonheur. Le soir, nous regardions la télé dans le salon. Les oiseaux se cachent pour mourir et Intervilles ont bercé mon enfance. La nostalgie m’envahit à chaque fois que je retrouve face à moi ces haricots verts. Se souvenir des belles choses, de ces moments simples : rien n’est plus beau.

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